Si peu de choses
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Il faut si peu de choses pour me
faire partir...
Le parfum d'une feuille de menthe
fraîche froissée entre mes doigts, et je suis à Marrakech accoudée à la
rambarde du Café de France qui surplombe la Place Djema El Fna, nimbée
d'aurore boréale à la tombée du soir. Des millions de lumières à mes pieds
comme autant de petits vers luisants dansant dans des vapeurs irréelles,
cet air enfumé aux effluves d'épices et de viande grillée au charbon de
bois, la musique envoûtante des tam-tams, et puis cette foule
trépidante de derviches endiablés, de charmeurs de serpents, de funambules et
autres conteurs de légendes. Si loin de toi...
Mais si près
aussi lorsque la tasse de thé dans son voile de brume et la cigarette, ce petit
crachin persistant et ce ciel gris perle me ramènent à Nantes, lorsque
serrés l'un contre l'autre sur la banquette du Santeuil, nous essayions de toutes nos forces de faire
ralentir le
temps qui passait sur nous pour retarder encore un peu l'instant de la séparation. Dehors le vent
soufflait en rafales vers l'Atlantique, et nous étions si bien dans notre
chaleur, ton bras autour de ma taille, ta main que je serrais dans les
miennes, tu t'en souviens...
J'aime ces petits riens essentiels
qui parsèment mon jour le jour de soupçons de nostalgie douce-amère, si
peu de choses en somme, juste ma vie.