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journald'unjardin
24 novembre 2008

Polaroid

 

 

1968

Lalique1

J'ai toujours eu beaucoup de mal à me lever le matin. La chaleur des draps me retient, et par la fenêtre je me mets à moutonner avec les nuages. Mes pensées font un voyage temporel et je retourne invariablement aux années de mon enfance parisienne. J'ai réalisé un jour que je me souvenais exactement de la disposition des pièces de chacun de nos appartements. De celui de Nantes aussi, rue Jean-Jacques Rousseau. Ma mémoire d'enfant est comme un appareil photo, et elle a fixé derrière ce front des scènes fugitives imprimées en touches indélébiles. J'ai quatre ans, et le nez à hauteur du vieux lavabo en faience, je brosse de toutes mes forces mes ongles noirs qui sont allés une fois de plus gratter le carré de terre au fond de la cour. Je fais ça pour plaire à maman qui sent les fleurs. Françoise est assise dans la cuisine au bout du couloir et pleure comme d'habitude sa dernière histoire d'amour ratée. Christophe, l'amoureux de maman, est allongé dans la chambre-salon-salle à manger sur le canapé recouvert d’un dessus de lit au crochet, le marron et beige, celui qu'on emportera à Paris et qui me verra me balancer pendant des heures pour calmer cette maudite peur qu'elle ne revienne plus...

Mémé appelait ça la balancelle: "la petite a la balancelle, et pas moyen de la lui faire passer". Le p'tit grain des p'tits coeurs qui étouffent.

Parfois je me sens capable de réfléchir et parfois je ne sais plus, et je ferme les yeux sur le reste.

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Commentaires
L
Nomades des lieues,<br /> pommades des lieux.
A
Votre passage et ces quelques mots sont déjà très très beaucoup...
M
...<br /> <br /> (je ne sais pas quoi dire... j'ai peur de faire envoler l'ange qui irise cette page de ses battements d'ailes)
journald'unjardin
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