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journald'unjardin
17 janvier 2009

Cassiopée, Endstation Sehnsucht

Lalique

Houle, tangage de ces semblants de certitudes. Il fait froid en dedans. Cassiopée et le bleu pervenche des dernières semaines ne sont plus à portée de regard. Le fragile fil d’Ariane s’est à nouveau rompu, et je tâtonne au bord de cette existence fragmentée à la recherche de jalons qui se dérobent sous mes souvenirs. Il me faut un banc de terre ferme pour y donner un coup de talon et retrouver en surface ne seraient-ce que les vestiges d’un bien-être. Je sombre dans mes silences. Où est donc passée cette foutue capacité aux petits bonheurs? A fleur de cœur qui la retient prisonnière entre les bornes du temps qui passe.

Bon sang qu’il fasse place! Je veux pouvoir parler encore des prunes juteuses venues après les fleurs, de la reinette qui avait choisi mon mur de pierres aux interstices tapissés de mousse comme palais d’été, des coups d’archet du grillon solitaire, de la fenêtre ouverte sur la nuit chaude de juillet, de mes amours si belles.
Photo retrouvée au fond d’un tiroir. Flash back. Berlin, été de canicule 1983. Tu étais venu me chercher à Bahnhof  Zoo, et je me souviens que tu portais ce t-shirt kaki acheté aux USA, le casque blond cendré jusqu’aux épaules, le visage fin et les grands yeux de ciel breton. Ta peau, son odeur de cambouis et de savon de Marseille. Nous avons longé le mur main dans la main, dans un silence de plomb en passant devant les miradors et ceux qui sont tombés, avant de s’affaler sur le lit de tes cinq mètres carrés chez les pères Dominicains. Nous écoutions Let’s dance et tu m’as emmenée voir Bowie en open air aux arènes. Notre soleil ne se couchait jamais.
La nostalgie me mine et j’accorde le droit à ceux qui la fustigent de me jeter la première pierre. C’est vrai que je donnerais très cher pour pouvoir aller faire une ballade dans ma propre vie cet été-là, et retourner courir dans tes bras sur un quai de gare…

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Commentaires
A
Jawohl, à Münster en Westphalie-Rhénanie, un petit bijou de ville, depuis 23 ans (aie...)<br /> <br /> http://www.stadtpanoramen.de/muenster/
C
Tu vis en Allemagne ? Il fut une époque où j'en aurais rêvé. Passons...
A
Sehnsucht a été le premier mot allemand que j'ai appris dans "Lorelei" de Genevoix (que je conseille vivement aux germanophiles). J'ai débarqué ici quasiment avec ce seul mot, et maintenant où l'allemand m'est aussi familier que le français, je n'arrive plus à imaginer ce temps là. Un "mot valise", joli, je ne connaissais pas cette expression.
C
Le premier paragraphe résonne étrangement à l'unisson de plein de choses, en ce moment. <br /> Et c'est vrai que la Sehnsucht allemande a une couleur tout particulière. Me fait penser à ce mot valise qu'ils ont fabriqué pour signifier le regret de la RDA : "Ostalgie"
journald'unjardin
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