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journald'unjardin
10 décembre 2008

Ma pendule à l'huile d'olive

3216_1J'avoue que j'adore aller très souvent faire un grand petit tour sur ebay, ce lieu de perdition, wild side pour les paniers percés et les bourses plates comme des galettes bretonnes, pour moi quoi... Pire que les Galeries Lafayette à Noel, les illuminations en moins mais le choix en plus, on trouve toujours quelque chose, et insidueusement on en devient complètement addict, happé irréversiblement par l'hydre toute puissante de la consommation inflationniste.

Mais laissons là ces considérations moroses - ebay c'est chouette! La preuve, c'est qu’il y a quelques temps de cela, j'y ai retrouvé ma pendule à l'huile d'olive. Cette pendule, une très belle pendule napoléon III en marbre noir, sonnait les heures et la demie. Posée sur la console de cheminée au pied de mon lit, elle a été la compagne de mes nuits d'enfant sans sommeil pendant tout le temps que j'ai passé chez mémé, qui me couvait comme son plus cher trésor. Il faut dire que mémé, qui avait fait deux garçons, puis était devenue grand-mère de deux petits-fils, avait toujours rêvé d'avoir une fille. Alors à la lecture du télégramme annonçant ma naissance, son coeur avait fait des triples sauts de joie en perspective des beaux jours à venir qu'elle passerait à me dorloter, à me transmettre son savoir, à se raconter jeune-fille, à évoquer pour moi Suez et l'Indochine. Elle avait raison, car nous étions faites l'une pour l'autre, et ces vingt-deux ans de complicité sont comme un ciel constellé d'étoiles que je contemple encore et toujours les yeux brillants.

A la mort de mémé, mon père a hérité de cette pendule qu'il a chez lui. Un de mes nombreux passages ebayesques me l'a rendue. Enfin, sa jumelle. Quelle surprise lorsque par hasard je l'ai eue sous les yeux! Ma pendule... S'est mis à flotter dans l'air ce parfum d'huile d'olive chaude qui embaumait la maison de mémé quand elle me faisait mon pan bagna, délice des délices, ambroisie de petite fille tant aimée... Je ne pouvais pas la laisser m'échapper, sa place était ici chez moi. Je me suis saignée à blanc, mais depuis elle rythme à nouveau ma vie, comme si elle n'avait jamais arrêté de le faire.

Certains objets sont ces ponts essentiels à notre existence, entre nous et nous-mêmes, entre nous et ceux qui nous ont été si chers, ils emmènent pour un temps remonter le temps.

 

PS : je viens tout juste de succomber une nouvelle fois : une œuvre de jeunesse du peintre Jacques Courtens, une petite huile sur panneau datant de ses années à Paris, elle a tant de charme…

 

 

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Commentaires
A
Dieu garde! Quel scénario d'apocalypse proposes-tu là mme de K.!! La désintox forcée (je sais bien que sous le règne de Joe Dalton tout est possible... frissons...), la fin !!
M
Il devrait y avoir, au même titre que le contrôle parental, un contrôle marital qui empêcherait les maris de trop traîner sur ebay... (et les femmes aussi on dirait ? ;-)
A
C'est que la sienne, elle devait sentir le grain!
L
"Dans une ferme du Poitou, un coq aimait une pendule..."
journald'unjardin
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